Des molosses, dressés pour défendre le territoire, derrière les grilles, ils aboient et montrent leurs crocs à tous ceux qui s'approchent. L'homme les a ainsi dressés, ils ne font que leur job.

Ils m'impressionnent et me font reculer à sursaut à chacun de leur grognement. Leurs regards sont haineux, leurs canines saillantes terrifiantes. Bien courageux, ou inconscient celui qui osera ne serait-ce que frôler le portail.

Et soudain, les aboiements se transforment en doux ronronnements, ils se couchent, se calment, attendent patiemment.

D'un pas lent et hésitant, s'avance une petite vieille dame, toute frêle, vêtue d'habits qui tombent en lambeaux, chaussée de sabots usés, le cheveux gris, le visage frippé. La pauvreté financière mais la richesse du coeur. Cette petite mamie, n'a sûrement pas les moyens de manger à sa faim ni de s'habiller à son goût. Et pourtant, elle va sortir de son cabas un sac de croquettes de premier choix.

Elle passe son bras à travers le grillage, les crocs disparaissent derrière les langues qui viennent tendrement lécher la main ridée. Et là, c'est la fête des câlins, les féroces molosses deviennent des vrais toutous tous doux. Elle les carresse, la tête, les oreilles, le dos, le ventre, tout y passe! et ils en redemandent.

Sa main comme gamelle, elle leur y sert le repas. De leur babines coulent des fils de bave, pas de rage, juste de l'amour, du partage, de la générosité. Et enfin de la reconnaissance pour la mémé qui murmurait à l'oreille des chiens enragés.

la mémé qui murmurait à l'oreille des chiens enragés

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